(Mise à jour le 21 août 2024 à 11:42)
Et si on parlait d’argent ?
Le gouvernement ne cesse de répéter que notre système est au bord de la faillite, qu’il est durablement déficitaire. Or, comme le montre le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) de façon très claire notre système est actuellement excédentaire de près de 900 millions d’euros en 2021, et devrait dégager un excédent de 3,2 milliards d’euros en 2022. Le déficit atteindrait 13 milliards en 2030. Dans notre système par répartition, les cotisations d’aujourd’hui financent les pensions d’aujourd’hui.
Le COR reconnaît lui-même que la dégradation des comptes dans la décennie à venir est en partie due aux mesures d’économie sur la masse salariale de la fonction publique territoriale et hospitalière. Répondre aux besoins criants des services publics améliorerait donc par contre coup le financement du système.
Rogner sans cesse les prestations du système par répartition est un moyen de nous pousser vers la capitalisation. A chaque réforme, les publicités pour l’épargne retraite refleurissent : ne confions pas les fruits de notre travail aux boursicoteurs.
La capitalisation n’est pas la solution, un système par capitalisation :
- oblige à consacrer individuellement plus de moyens pour sa retraite (même si collectivement cela représente une part plus faible du PIB du fait des millions de travailleurs qui ne peuvent pas cotiser). Par exemple, pour atteindre une pension de retraite équivalente à 75 % du dernier salaire, il faudrait placer chaque année deux mois de salaire sans aucune garantie de restitution. Aujourd’hui, avec le système par répartition, le montant cotisé est de 10 € par mois pour un salaire de 2 500 € pour une retraite à 60 ans.
- est risqué : rien ne garantit contre la faillite du fonds de pension. Ainsi en 2017, les faillites de fonds aux États-Unis se sont multipliées, que ce soit des entreprises privées, mais aussi de collectivités publiques (des baisses de 60% du montant des pensions ont été votées pour éviter les faillites).
Les économies prévues par le gouvernement ne tiennent pas compte des nombreuses nouvelles dépenses qu’un report de l’âge de départ en retraite implique. En effet, lorsque l’on recule l’âge de la retraite, de nombreux travailleurs supplémentaires sont au chômage, soit du côté des jeunes qui ont des débouchés réduits pour trouver un emploi soit des travailleurs plus âgés qui ne trouvent plus d’emploi près de l’âge de la retraite. Inévitablement, cela implique des dépenses sociales supplémentaires. D’autre part, avoir des travailleurs plus âgés, cela se traduit dans les faits par davantage d’accidents du travail et de maladies professionnelles ou d’invalidités. Ces dépenses supplémentaires se chiffrent entre 5 et 8 milliards d’euros selon le rapport du COR soit au moins 1/3 des économies attendues.
Un autre financement est possible :
- fin des exonérations de cotisations sociales : 80 dispositifs d’exonérations se sont empilés depuis 30 ans ! En 2021, le manque à gagner pour la branche vieillesse de la sécurité sociale se monte à 15 milliards d’euros, c’est-à-dire plus que le niveau du déficit prévu par le COR en 2030 !
- élargissement de l’assiette des cotisations et intégration des primes des fonctionnaires, de l’intéressement et de la participation ;
- fin des 28 % d’écart de salaire entre les femmes et les hommes, ce qui rapporterait 6 milliards d’euros par an dans les caisses ;
- augmentation des cotisations d’un point, ce qui rapporterait près de 15 milliards d’euros ;
- augmentation des salaires de 10 % qui généreraient 18 milliards d’euros de cotisations ;
- indexation des salaires sur les prix ;
- créations massives d’emplois (un million d’emplois supplémentaires c’est 10 milliards d’euros de cotisations retraites nouvelles).
La CGT exige :
- départ à la retraite à 60 ans à taux plein ;
- départ anticipé à 55 ans ou un trimestre de départ anticipé par année d’exposition pour les salariés exposés à des facteurs de pénibilité ;
- taux de remplacement d’au moins 75 % du revenu d’activité pour une carrière complète ;
- minimum de pension égal au Smic CGT (2 000 €) pour une carrière complète ;
- calcul de la retraite sur les 10 meilleures années pour le privé et les 6 derniers mois pour le secteur public ;
- prise en compte des années d’études et validation des périodes de recherche du premier emploi dès l’inscription à pôle emploi ;
- indexation des pensions sur l’évolution des salaires.