Les syndicats ne sont pas les seuls à dénoncer les conséquences dangereuses de la réforme Macron si elle était votée.
Après l’étude de l’économiste Ulysse Lojkine mentionnée par franceinfo, et dont nous avons fait état dans un article précédent, le Journal du dimanche donnait la parole à Roxana Eleta de Filippis, sociologue.
L’espérance de vie a presque doublé entre les deux périodes mais l’Insee rappelle qu’en France, un quart des décès survient avant 65 ans. L’institut fait état de 147 décès pour 100 000 femmes avant 65 ans, 349 pour 100 000 hommes, soit du simple au double. La « mortalité prématurée » touche surtout les hommes, et en particulier les plus modestes.
Des projections montrent que la réforme prévue augmenterait l’indicateur de risque de décès avant la retraite en moyenne, de 5,1 % à 6,5 %, soit environ 9 000 personnes supplémentaires chaque année qui mourront avant la fin de leur carrière professionnelle. Les risques des retraites courtes (10 ans ou moins) augmentent également, passant de 17 % sous la législation actuelle à 21 % avec la réforme.
Quant à la durée espérée en retraite, de l’ordre de 20 ans aujourd’hui (mais avec de fortes différences sociales : les individus les plus pauvres passent en moyenne 7 ans de moins en retraite que les individus les plus aisés), elle baisserait en moyenne de deux ans et quatre mois environ, après la réforme (avec des différences selon le niveau de vie, atteignant 15 % pour les hommes les plus modestes, contre 9 % pour les hommes les plus aisés).
Les limitations de sorties ou d’entrée en retraite qui seront instaurées par la réforme auront donc un impact considérable sur le ratio de dépendance (nombre de personnes à charge pour 100 travailleurs).
Les conséquences sur les inégalités femmes-hommes.
les femmes liquident la retraite plus tard que les hommes. Elles sont davantage contraintes à liquider leur droit vers l’âge de 65 ans et au-delà (19 % de la génération de 1950 contre 10 % des hommes) pour éviter une décote en raison de carrières plus souvent incomplètes.
Cependant, elles reçoivent en moyenne 1 274 euros de retraite par mois, soit 24 % de moins que les hommes (1 674 euros). Ce montant inclut la pension de droit direct, la pension de droit indirect (réversion) et la majoration pour trois enfants et plus. Si l’on considère les retraites de droit direct, c’est-à-dire celles versées au titre de l’activité passée, l’écart s’élève à 39 % pour les 65 ans et plus.
(Source : le Journal du dimanche)