(Mise à jour le 20 août 2024 à 22:41)
Émilie Friedli, porte-parole de la newsletter les Glorieuses. Source : L’Humanité.
En 2016, lorsque les Glorieuses ont lancé le Mouvement pour l’égalité salariale, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes était de 15,1 %. Aujourd’hui, cet écart est de 15,4 %. Or, payer correctement les femmes permet de les protéger d’autres types de violences dont on parle peu : les violences économiques conjugales. C’est ce que prouve notre étude les Glorieuses/Ifop. Plus de 4 femmes sur 10 seront victimes de violences économiques conjugales dans leur vie.
Ces violences se définissent comme un manque à gagner, un appauvrissement ou un contrôle financier, qui peut aller jusqu’à la dépossession totale des moyens d’autonomie financière des femmes. Et l’étude nous prouve que les femmes ont deux fois plus de risques d’en être victimes si leur rémunération est très inférieure à celle de leur conjoint.
Un baromètre permet de recenser les différentes manifestations de violences économiques, qui vont du manque à gagner jusqu’au contrôle des dépenses par un conjoint. Beaucoup de ces violences sont sournoises : elles sont partout et on ne les voit pas. Ces violences conjugales font partie des violences faites aux femmes. Ce que permet le baromètre, et plus largement cette étude, c’est de nommer ces violences, qui sont elles-mêmes à l’origine d’autres violences conjugales. Autre chiffre clé de l’étude : 99 % de femmes victimes de violences économiques conjugales ont subi aussi d’autres formes de violence conjugale.
Le marché du travail valorise les salariés les plus disponibles, avec une plus grande flexibilité horaire. Les femmes étant beaucoup moins flexibles, avec des horaires contraints, puisqu’elles gèrent la grande majorité des tâches domestiques et familiales (deux tiers des tâches domestiques en France). Il faut changer le regard que l’on porte sur les hommes dans l’entreprise et les considérer comme des pères, eux aussi. Pour nous, une des mesures fondamentales est un congé paternité de même durée que le congé maternité.
En plus de cette réforme du congé paternité, nous militons pour l’augmentation des rémunérations dans les secteurs très féminisés. 90,4 % du personnel infirmier et 65,7 % du corps enseignant sont des femmes. Nous souhaitons également la mise en place de l’éga-conditionnalité afin de s’assurer de la bonne dépense de l’argent public. L’attribution de subventions ou de marchés publics doit être conditionnée à l’égalité salariale dans l’entreprise.