Entretien avec Thomas Vacheron, secrétaire confédéral.
Ce mardi 18 juin, le comité confédéral national (CCN) de la CGT a appelé à voter pour le programme du Nouveau Front populaire, considérant que ce dernier était « celui qui répond le mieux aux attentes et aspirations des travailleuses et des travailleurs et qui ouvre le plus de possibilités de mobilisations gagnantes. » Thomas Vacheron, secrétaire confédéral, dresse les perspectives de mobilisation de la confédération, d’ici le scrutin législatif.
Pour quelles raisons la CGT appelle-t-elle à voter pour le programme du nouveau front populaire ?
L’extrême droite n’a jamais été aussi proche du pouvoir. Les salariés doivent mesurer la gravité de cette situation. La CGT juge les programmes, les propositions qui vont dans l’intérêt des salariés, pas les candidats ni les casting politiques.
Force est de constater que le Nouveau Front populaire porte les éléments programmatiques les plus proches de la CGT. En commençant par l’abrogation de la réforme des retraites à 64 ans. Ce programme change la vie des gens. La question des salaires est essentielle.
Le Nouveau Front populaire s’aligne sur notre revendication de porter le Smic à 1 600 euros net c’est-à-dire 2 000 euros brut. L’indexation des salaires, supprimée en 1983, sur l’inflation permettra de revenir sur 40 ans de mesures austéritaires.
D’un côté, nous voulons gagner les meilleurs socialement pour les salariés. De l’autre, nous voulons de nouveau droit pour ceux qui les défendent.
Le retour des CHSCT permet de revenir en partie sur les ordonnances travail d’Emmanuel Macron. Leurs surpressions ont accéléré l’accidentologie au travail. Enfin, la convocation d’une conférence sociale doit permettre d’aller plus loin que ce programme. Nous visions, par exemple, l’abrogation totale des ordonnances Macron et des lois travail Valls-El Khomri.
À vous entendre, cet appel n’est pas un chèque en blanc. Pour autant, cela remet-il en cause l’indépendance de la centrale ?
La CGT est indépendante mais pas neutre. Dans notre longue histoire, nous avons déjà émis des appels à voter. Comme en 1936, à la Libération ou encore lors du programme commun en 1974. Nous sommes dans une situation semblable à celle de 1936 et du Front populaire. Le choix est simple : le fascisme ou le progrès social.
Le meilleur antidote à l’extrême droite, ce sont les mesures qui permettent de remplir le frigo des salariés. Cependant, les forces politiques doivent éclaircir certains points du programme du Nouveau Front populaire. Nous voulons des précisions sur la perspective d’une retraite à 60 ans ou encore sur le passage aux 32 heures sans perte de salaire.
Le comité confédéral national (CCN) a pris cette décision à la quasi-unanimité. Cela démontre que les dirigeants et militants de la CGT mesurent la gravité de la situation. Tout se jouera au premier tour. La dynamique populaire doit s’amplifier. Chaque minute compte.
Où en est la riposte à l’extrême droite dans les entreprises ?
La confédération a mis sur pied des argumentaires pour former nos militants. L’extrême droite est le pire ennemi des travailleurs. Des députés RN n’ont pas voté la constitutionnalisation de l’IVG. À l’assemblée, ils ont refusé de voter les hausses de salaires. C’est une fausse ennemie qu’Emmanuel Macron s’est choisie pour ne pas parler des questions sociales.
D’ailleurs, Jordan Bardella refuse d’abroger immédiatement la réforme des retraites. C’est le signe que l’extrême droite ne reviendra pas dessus. Ce jeudi 20 juin, plusieurs secteurs seront en grève, notamment sur les salaires dans l’énergie. La chimie mènera l’offensive contre les PSE en cours.
Des initiatives se tiendront en Île-de-France. L’agroalimentaire, les services publics et la culture mobiliseront sur les enjeux de salaires et d’emploi. Enfin, nos unions départementales multiplient les initiatives pour convaincre les travailleurs du danger de l’extrême droite.
Avec d’autres, la CGT maintiendra la pression populaire. Ce week-end, les 22 et 23 juin, nous manifesterons partout en France pour gagner des améliorations de vie et de salariés.
Le jeudi 27 juin, la CGT va se déployer dans des meetings, débrayages et parfois des grèves pour faire gagner nos revendications. Pour gagner contre l’extrême droite, le vote doit être massif. Pour l’emporter sur le capital, nous devons maintenir la pression populaire avant et après le scrutin législatif.
Source : L’Humanité.