Le dimanche 18 juin, à l’occasion du 83ème anniversaire de l’Appel du 18 Juin, le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé sa décision de faire entrer au Panthéon Missak et Mélinée Manouchian en février 2024. Le musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne s’en réjouit et invite le public à découvrir le parcours du couple de résistants d’origine arménienne à travers ses collections permanentes et une exposition à venir en 2024.
Missak et Mélinée Manouchian, « Français de préférence »
« Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement », affirme Missak Manouchian dans sa dernière lettre à son épouse Mélinée. Depuis la prison de Fresnes, le 21 février 1944, le résistant ne doute pas de la victoire de l’armée de la Libération.
Nés au début du XX ème siècle dans ce qui était alors l’Empire ottoman, dans l’actuelle Arménie, Missak et Mélinée Manouchian arrivent en France dans les années 1920. Rescapés du Génocide arménien de 1915, premier crime de masse du 20ème siècle, le couple s’engage dès 1941 dans la Résistance face à l’occupant allemand. A la tête d’un groupe des FTP-MOI (FrancTireurs et Partisans – Main-d’œuvre immigrée), Missak Manouchian organise une trentaine d’opérations dans Paris entre août 1943 et son arrestation en novembre 1943.
Missak Manouchian est fusillé au Mont Valérien, aux côtés de 21 autres combattants FTP-MOI. Son nom est accolé par la propagande allemande à une représentation de “chef de bande” auquel sont imputés “56 attentats, 150 morts, 600 blessés” sur la célèbre « Affiche rouge ». Son épouse Mélinée lui survit, et devient sa principale biographe.
Missak et Mélinée Manouchian au Musée de la Résistance Nationale à Champigny-sur-Marne
Le 21 février 2024, les résistants Missak et Mélinée Manouchian entreront au Panthéon, 80 ans après l’exécution du « groupe Manouchian ». A travers eux, c’est l’engagement des étrangers dans la Résistance qui est reconnu.
Lors de l’assemblée générale du 20 juin 2023, l’Association des Amis du Musée de la Résistance nationale a décidé de réaliser une exposition temporaire en 2024 sur la participation des étrangers aux combats pour la libération de la France. Des parcours seront proposés aux publics, et notamment aux scolaires, autour du groupe FTP-MOI de Missak Manouchian et de Joseph Epstein, responsable Militaire des FTPF de la région parisienne qui fut arrêté en même temps que le groupe Manouchian.
Dès aujourd’hui, le Musée de la Résistance nationale vous invite à découvrir leur histoire au sein de ses collections permanentes : l’institution conserve les épreuves originales d’une série de portraits réalisés par l’artiste Ernest Pignon Ernest, représentant les résistants Missak Manouchian, Germaine Tillion, Geneviève De Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay. Aux quatre résistants entrés au Panthéon le 27 mai 2015, l’artiste plasticien avait rajouté un portrait de Missak Manouchian exécuté à la même échelle et selon la même technique de la pierre noire.
Dans l’escalier monumental, un buste de Missak Manouchian sculpté par l’artiste arménien Ara Haroutiounian accueille les visiteurs. Inspiré de la dernière photographie du résistant, il a servi de modèle à de nombreux monuments honorant la mémoire des vingt-trois condamnés à mort de l’Affiche rouge.
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant. »
Louis Aragon, extrait de Strophes pour se souvenir, Le Roman Inachevé, 1955.